Mercredi 26 Décembre
Troisième nuit en mer. 180 milles parcourus
La mer est toujours très hachée, générant un inconfort important et surtout continuel depuis notre départ. Etat de l’équipage nauséeux. On se traîne tous. Le moindre geste demande un effort conséquent. Nos repas se limitent au strict minimum. Un plat de riz ou de pâtes. C’est tout. Nous n’avons pas faim. Le repas de Noël aura été frugal. Cath assure courageusement l’intendance, prépare les repas et fait la vaisselle dans des conditions digne de Space Mountain !
Depuis ce matin, le mât s’est mis à couiner à chacune de ses nombreuses rotations (le mât est pivotant). Cela résonne dans le carré et accentue notre inquiétude. Je fais le tour du mât à plusieurs reprises sans trop comprendre d’où vient ce son plaintif. Je mets de l’huile en espérant calmer le jeu, un peu de vaseline mais rien n’y fait. Ce son strident qui résonne dans nos oreilles durera toute la nuit. Il ne se calmera qu’à partir du moment où notre allure passera du bon plein au travers. Bulle d’O est tout de suite plus confortable avec une houle prise de travers puis de ¾ arrière. Notre option paie enfin. Nous maintenons nos 8 nœuds mais avec beaucoup plus de confort. La dernière journée est plus agréable. La moindre petite amélioration est ressentie par tous comme un vrai cadeau.
Jeudi 27 Décembre
Nous venons d’arriver à Praïa. Il est 02H30
L’arrivée de nuit n’a pas posé de problème. Nous devenons de vrais cracks ! Catherine, Max et Alexandra ont assuré courageusement le premier quart jusqu’à minuit. La nuit est tombée assez tôt d’autant que nous avons changé d’heure, Praïa étant en TU-1. Heureusement la lune est là. Elle s’est levée vers 21H00 pour nous guider jusqu’au mouillage. Le pont est toujours jonché de poissons volants. Ils tombent régulièrement sur Bulle d’O et parfois nous arrivent en pleine face. Cath en a même eu un qui est arrivé en plein sur elle et s’est glissé dans son pantalon. Quelques cris plus tard, on a pu sauver le poisson rigolo. Sébastien lui en a eu un qui est tombé dans le seau dans lequel il était en train de vomir. Un grand moment.
Nous prenons donc notre quart avec Sébastien pour assurer les deux/trois dernières heures. Le vent a bien molli. Nous avons maintenant 15 nœuds et sommes en vent de travers cap 270°. Bulle d’O fonce toujours à 8 nœuds de moyenne avec une mer beaucoup plus calme. Enfin !. Quel pied de naviguer sans se faire brasser. Un vrai bonheur après ces deux jours très agités. L’approche est finalement tranquille. Nous prenons un deuxième ris pour assurer et anticiper un éventuel effet venturi qui ne viendra pas. Juste des petites poussées à 22 nœuds.
Nous affalons la GV tranquillement. Cath arrive alors en renfort. Le mouillage se passera sans aucun problème ni inquiétude. L’ancre tombe dans la baie de Praïa, poussée par Sebastien. Il est donc 02H30. Une bonne demi heure pour ranger le bateau et hisser les couleurs du Cap vert, une autre pour débriefer de la nav et se réjouir d’être arrivés sans casse. Juste un peu d’inconfort et beaucoup d’inquiétude. Le métier rentre !.
Pour les jours à venir, je garde bien en tête de faire un check up complet de Bulle d’O et évidemment de reprendre contact avec Alucarbon pour avoir leur avis sur les couinements du mât.
Avec un peu de recul, je nous félicite d’avoir osé la navigation Cabrera – Ibiza en Août dernier. Elle nous a permis de casser ce qui devait casser dans une mer agitée et avec un vent au près et de réparer tout cela tranquillement avec Robert. Il aurait été quasiment impossible de le faire proprement dans cette partie du globe.
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